À la rencontre de #35 – Laurent Sagalovitsch

Demain, un nouveau partenaire vous présente le premier titre de son catalogue. À cette occasion, nous avons interrogé l’auteur !

En avant pour l’interview de Laurent Sagalovitsch, auteur de Joue-la comme Godard.

Crédit photo : @isidore lappin

Bonjour Laurent. Racontez-nous comment vous est venue l’idée d’écrire Joue-la comme Godard, texte où le cinéma rencontre le tennis de Roland-Garros.

À dire vrai, l’idée ne vient pas directement de moi, mais de mon éditeur, Christophe Thoreau qui a longtemps écrit sur le tennis. Il savait que, depuis très longtemps, Godard ambitionnait de tourner un documentaire sur Roland Garros où il choisirait de filmer un joueur au hasard, et ce, dès le premier tour des qualifications. Quand ce joueur aurait perdu, il aurait suivi son vainqueur et ainsi de suite jusqu’à la finale. Le film n’a jamais pu se faire, mais l’idée est restée et c’est elle qui est se retrouve à l’origine du livre. Un jour, Christophe m’a appelé pour me dire qu’il montait sa maison d’édition, Les livres de la Promenade, et il souhaitait que son premier livre soit écrit de ma plume, en prenant comme point de départ le projet de Godard, mais transposé à l’écrit. C’est ainsi que le livre est né. J’ai gardé l’idée comme fil conducteur du récit, le fait de suivre tour après tour un joueur, mais je l’ai agrémenté de tout un tas de réflexions, d’histoires, d’anecdotes, de telle manière que ce livre finisse vraiment par être le mien, et non point une simple copie du projet de Godard.

 

Dans des romans précédents, vous avez exploré les vies de Virginia Woolf et de Gustav Mahler. Dans votre nouveau texte, vous faites de Jean-Luc Godard une source d’inspiration. Comment choisissez-vous les artistes que vous faites entrer dans votre œuvre romanesque ?

Je dirais plutôt que c’est eux qui me choisissent ! Je ne me dis jamais, tiens et si j’écrivais un roman sur Virginia Woolf ou Gustav Mahler, non, ce sont eux qui s’imposent à moi, qui interagissent avec moi de telle manière que je n’ai pas d’autre choix que d’écrire sur eux. Comme s’ils me prenaient en otage. Ces artistes me marquent tellement qu’il me faut passer par la case roman pour comprendre d’où me vient cette fascination, cet envoûtement que j’éprouve à leur égard. Ils ne me laissent pas le choix. Pour des tas de raisons, leur vie respective rentre en résonance avec la mienne, et à travers eux, c’est avant tout sur moi que j’écris comme une correspondance à travers le temps. Pour Godard, c’était différent puisque le sujet m’était quelque part imposé, mais je me suis tout de même forcé de plonger dans sa vie, de revoir ses films pour être capable d’en parler dans le livre, de me l’approprier. J’ai inventé mon Godard, en quelque sorte.

 

Nous invitons chaque semaine les internautes à partager leur #MardiConseil. Quel est le meilleur conseil de lecture que vous avez reçu et/ou donné ?

Je ne pense pas avoir reçu un conseil particulier de lecture, c’est plus la bibliothèque de mon père qui a joué ce rôle. Mon père lisait énormément et sur à peu près tous les sujets, des échecs à la psychanalyse en passant par Stefan Zweig ou Dostoïevski. Je crois que c’est cet éclectisme qui m’a poussé à lire d’une manière anarchique, à lire selon mes envies, selon les hasards de la vie, les rencontres, les livres trouvés chez un bouquiniste. Je n’avais aucun a priori, je lisais ce qui me tombait sous la main sans me soucier de leur réputation. Quand un auteur me plaisait particulièrement, je me plongeais dans son œuvre, découvrais ses auteurs favoris que je m’empressais de lire à mon tour. C’est comme une chaîne d’amitiés, en fait.

Quant au conseil de lecture que je serais amené à donner, c’est toujours en fonction de la personne que j’ai en face de moi. Je m’adapte ! Je ne vais pas conseiller de lire Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry à un lecteur occasionnel qui cherche juste à se détendre. Tout est affaire de circonstances. Je suis plutôt comme un libraire, j’essaie de prendre en compte le vécu du lecteur, ses goûts, ses envies. La lecture est avant tout un plaisir et quand on donne un conseil, ce n’est pas pour épater ou imposer ses goûts à soi, mais plutôt de tâcher de faire plaisir. Comme un véritable cadeau.

 

Chaque début de semaine, nous posons #LaPetiteQuestionDuLundi à nos participants. La plus fameuse dentre elles est la suivante : Avec quel personnage de la littérature voudriez-vous être coincé dans un ascenseur ? Et pourquoi ?

 Avec personne ! Je suis claustrophobe, je n’ai aucun goût pour les ascenseurs, l’idée d’être enfermé dans un ascenseur est pour moi une vision de l’enfer. Si en plus, je dois supporter la présence d’un autre, c’est mille fois pire, cela risque de finir en pugilat. Seul quelqu’un qui partage ma phobie serait accepté, et encore. Ou alors une héroïne assez douée dans l’art d’aimer pour parvenir à me détendre et penser à autre chose…Si vous en connaissez une, donnez-moi son mail !