Romain Dutter et Bouqé sont les auteurs de Goodbye Ceausescu (éditions Steinkis) une bande dessinée documentaire sur la Roumanie des années 90. Ils ont accepté de répondre à nos questions !
VendrediLecture : Vous écrivez sur un passé plus ou moins lointain, une histoire vraie, comment vous est venu l’idée de ce projet ?
Romain Dutter : Dans Goodbye Ceausescu, on parle en effet d’un passé plus ou moins lointain (la Roumanie communiste de la deuxième moitié du XXe siècle) mais aussi du présent de ce pays et de son évolution depuis 1989 et la chute du régime de Nicolae Ceausescu. Pourquoi s’intéresser à la Roumanie ? Je m’appelle Romain et beaucoup de mes potes me surnomment Romano. Le choix a donc été simple… Je plaisante bien sûr !
Plus sérieusement, l’idée de choisir la Roumanie comme fil rouge / sujet central de notre deuxième BD m’est venue en tombant en 2018 sur un article de presse évoquant l’anniversaire à venir des 30 ans de la Révolution roumaine de 1989. Je me suis rappelé de ces images (du procès et de l’exécution du couple Ceausescu notamment) qui m’avaient profondément marqué quand j’étais gamin et qui doivent pratiquement être mes premiers souvenirs d’actualité à la télé.
Passionné par l’histoire, notamment par celle des pays d’Europe Centrale / de l’Est, m’étant déjà rendu en Roumanie en 2015, j’ai trouvé intéressant de replonger dans cette période et de donner la parole aux Roumains afin qu’ils nous racontent comment leur pays avait évolué depuis 1989, comment ils vivaient depuis cette transition (du communisme à la démocratie et au libéralisme économique) qui a été brutale et, enfin, qu’ils nous fassent aussi découvrir leur joli pays, loin des clichés et des images négatives qui lui sont trop souvent associées par chez nous…
Quelle différence de travail, de méthode, d’implication pour vous entre un projet comme celui-ci et celui où vous racontez des fictions ?Romain : C’est probablement différent pour Julien (Bouqé, le dessinateur) mais pour ma part, il n’y a pas eu de véritable différence dans ma manière de travailler entre Goodbye Ceausescu et notre première BD, Symphonie carcérale. Tout simplement parce que dans les deux cas, il s’agit de BD documentaires dans lesquelles la fiction est très peu présente. Si ce n’est pour me permettre dans partir dans quelques “délires” personnels que je vous laisse découvrir dans notre récit… Je ne suis d’ailleurs pas sûr d’avoir envie de me frotter un jour à de la fiction. Parce que je ne crois pas en avoir les compétences. Mais aussi parce que le réel me passionne et me semble déjà être un terrain inépuisable à explorer… qui dépasse même parfois la fiction !
Si ce n’est déjà fait, sur quelle autre période historique aimeriez-vous écrire ?
Romain : Je travaille déjà actuellement sur deux nouveaux projets qui auront pour toile de fond deux autres périodes historiques, très différentes.
Le premier projet est l’adaptation BD du roman de Sorj Chalandon, Le jour d’avant (sortie prévue en 2023 aux éditions Steinkis) qui s’inscrit dans le contexte de la dernière grande catastrophe minière qui a eu lieu en France, je parle de celle de Liévin du 27 décembre 1974. L’écriture du scénario a été l’occasion pour moi de me plonger dans l’histoire de la France industrielle des années 70, dans celle du bassin minier, des corons du Nord la France. De relire aussi Germinal. De (re)découvrir toute cette partie d’histoire souvent oubliée ou peu évoquée de nos jours.
Le deuxième projet, plus personnel, portera sur mon “histoire d’amour” avec l’Amérique latine, sur la passion qui me lie à ce continent depuis de nombreuses années maintenant, sur le voyage. Je suis actuellement en train d’avancer sur l’écriture de ce scénario. Et évidemment, l’histoire du continent latino-américain ne sera pas central dans mon récit mais souvent évoqué, notamment sa colonisation, son indépendance, ses remous tout au long du XXe siècle, ses dernières actualités…
Bouqé : C’est assez vaste, mais de manière générale, j’adore toute la première partie du XXe siècle. Je trouve cela assez passionnant de se plonger à chaque fois dans la documentation et les images d’archives pour retranscrire une époque le plus fidèlement possible.
Chaque début de semaine, nous posons #LaPetiteQuestionDuLundi à nos participants. La plus fameuse d’entre elles est la suivante : Avec quel personnage de la littérature voudriez-vous être coincé dans un ascenseur ? Et pourquoi ?
Romain : J’aimerais bien être coincé un jour avec Arturo Bandini, cet anti-héros, ce double romanesque de John Fante que celui-ci a mis à l’honneur dans sa trilogie (La route de Los Angeles, Demande à la poussière, Bandini). Parce qu’il est à la fois bon et méchant, généreux et voleur, détestable mais attachant, stupide mais lucide. Parce qu’il me fait beaucoup rire. Parce qu’il reste, malgré tous ses travers, profondément humain.
Bouqé : Moi, j’aimerais bien me retrouver coincé avec Calvin et Hobbes ! Je crois que je n’ai jamais autant ri qu’en parcourant leurs aventures… Je suis sûr qu’on vivrait quelque chose d’exceptionnel et que je retomberais un peu en enfance. Et ça, c’est précieux !
Nous invitons chaque semaine les internautes à partager leur #MardiConseil. Quel est le meilleur conseil de lecture que vous avez reçu et/ou donné ?
Romain : On m’a récemment conseillé de relire Des souris et des hommes de John Steinbeck. Ce que j’ai fait. Et le conseil a été excellent car j’ai pris une vraie claque littéraire. Ce livre est un chef-d’oeuvre à mon sens, accessible à toutes et tous.
Bouqé : Après des années sans tellement lire, on m’a conseillé Kafka sur le rivage de Murakami. Ça a été un vrai déclic qui m’a redonné goût à la lecture. Sinon, je conseille à tous les parents de mettre un tome d’Ariol (d’Emmanuel Guibert et Marc Boutavant) dans les mains de leurs enfants car c’est absolument génial et l’assurance de faire bidonner toute la famille.
Merci à tous les 2 pour cet échange ! Vous pouvez retrouver Goodbye Ceausescu dans votre librairie !