À la rencontre de #28 – Benoit Frappat

À l’occasion de ses 20 ans, Jungle a proposé un partenariat au long cours à VendrediLecture en 2023. Tous les 2 mois environ, cette maison d’édition vous proposera des titres de ses différentes collections. Chacun de ces événements sera précédé d’une interview d’un éditeur ou d’une éditrice, ou de tout autre membre de l’équipe de Jungle.

 

Aujourd’hui, c’est Benoît Frappat, directeur commercial et marketing du groupe Steinkis, qui répond à nos questions.

 

Benoît Frappat, vous êtes le directeur commercial et marketing de Steinkis Groupe qui regroupe les maisons d’éditions Jungle, Steinkis et Splash. En quoi consiste ce métier ? 

Mon rôle est multiple. Sur la partie commerciale, je détermine, en accord avec le président du groupe, nos objectifs budgétaires annuels. Je supervise et coordonne les actions qui doivent nous permettre d’atteindre, et de dépasser, ces objectifs. Nous n’avons pas nos propres commerciaux, nous confions la diffusion et la distribution de nos catalogues à Interforum qui gère en notre nom la relation commerciale avec les libraires. Je dois veiller à ce que les équipes d’Interforum soient dans les meilleures conditions possibles pour défendre nos catalogues. Le service que je dirige à un rôle d’interface entre eux et nous. La bonne circulation de l’information entre nos différentes maisons et Interforum est primordiale pour que les albums de nos autrices et auteurs soient le mieux mis en avant possible en librairie. 

En plus de ces missions, mon rôle est de définir le tirage de nos nouveautés à paraitre, de veiller à la bonne tenue de nos stocks et d’anticiper nos besoins en réimpression. Enfin pour suivre le plus finement possible notre activité, je pilote un certain nombre de tableaux de bord.

Sur un plan marketing je définis la stratégie du groupe qui engage mon équipe dans sa définition budgétaire et sa réalisation opérationnelle concrète. Nous accompagnons les sorties de nos nouveautés qui ont chacune droit à un plan d’actions, mais pas seulement. Nos actions ont également pour objectif de soutenir les titres du fond qui prennent une part toujours croissante dans notre activité. Ces actions marketing sont de toutes sortes : PLV, plan médias, partenariats… Elles sont de plus en plus fortement renforcées par des actions digitales sur les réseaux sociaux dont on voit l’importance croissante en termes de prescription.

Enfin j’ai mis en place depuis deux ans un plan d’action visant à renforcer nos liens avec les libraires en créant, au sein de l’équipe, un poste en charge de la relation avec eux. Notre souhait est de toujours mieux connaitre les besoins et attentes des libraires et des enseignes, de suivre l’évolution des tendances des lecteurs afin de bien y répondre.

 

Si vous avez exercé le même métier ailleurs, quelles différences constatez-vous dans cette maison d’édition dédiée à la bande dessinée ?

La principale évolution dans l’exercice de mes fonctions au sein du Groupe Steinkis, par rapport à ce que j’ai pu connaître dans d’autres groupes, c’est que j’ai l’opportunité de participer aux comités éditoriaux dans lesquels nous discutons et débattons de projets futurs qui viendront enrichir nos différents labels et collections. Ainsi, quand mon équipe doit accompagner les nouveautés à paraître, nous en avons déjà une bonne connaissance. Nous sommes plus efficaces et rapidement opérationnels pour mettre en place les bonnes actions. C’est un avantage déterminant qui rassure nos autrices et nos auteurs dans l’idée que les équipes en charge de défendre leurs albums sont impliquées tout au long du processus de création jusqu’au jour de la sortie en libraire, puis tout au long de son exploitation.

Jungle a 20 ans en 2023. Comment a évolué la direction commerciale en deux décennies ? 

Je suis dans le groupe depuis 6 ans donc je n’ai pas la vision complète sur les 20 ans d’existence de Jungle. Mais les missions de mon service ont évolué de concert avec l’évolution de la ligne éditoriale. Jungle était dans ces dix premières années un éditeur de bandes dessinées majoritairement sous licence. Désormais la quasi-totalité des titres proposés sont des albums de création, portés par des autrices et des auteurs qui nous confient leurs œuvres. On ne défend pas, commercialement parlant, une œuvre de création, comme on le ferait pour un album sous licence. Idem pour le marketing, la créativité de nos autrices et de nos auteurs doit également se refléter dans les actions que nous mettons en place. C’est un challenge stimulant qui nous amène à constamment réfléchir et renouveler nos idées.

 

Et quelles sont les perspectives pour la suite ?

Les perspectives pour l’avenir sont dans la continuité des actions déjà engagées. Mais l’évolution du marché du livre bien moins linéaire qu’elle n’a pu être par le passé, le renforcement de la concurrence, les comportements des lecteurs, les tendances sont autant de sujets d’attention et de réflexion qui vont nous engager pour les prochaines années.

 

Nous invitons chaque semaine les internautes à partager leur #MardiConseil. Quel est le meilleur conseil de lecture que vous avez reçu et/ou donné ?

Pour sortir le l’univers de la bande dessinée, je conseillerais deux livres que je viens de lire récemment. Tout d’abord un livre incroyable, My absolute darling de l’auteur américain Gabriel Tallent qui narre le combat d’une jeune fille pour s’extirper de l’emprise d’un père charismatique, mais aussi violent avec elle. Tout cela dans le décor grandiose et oppressant des forêts du nord de la Californie. Le livre est paru aux Éditions Gallmeister dont j’admire beaucoup le travail éditorial (il faut lire Shibumi aussi !). Le deuxième conseil est plus « classique », il s’agit de Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline que je n’avais pas encore lu, une claque tout simplement.

Chaque début de semaine, nous posons #LaPetiteQuestionDuLundi à nos participants. La plus fameuse d’entre elles est la suivante : Avec quel personnage de la littérature voudriez-vous être coincée dans un ascenseur ? Et pourquoi ?

Dans l’ascenseur mais pas que, j’aimerais bien accompagner un des personnages des romans de Patrick Modiano dans leurs déambulations nocturnes parisiennes faites de rencontres improbables et pleines de pensées mélancoliques. J’ai l’impression que les personnages de Modiano ont des traits qui nous semblent familiers mais que nous ne croissons jamais dans la vraie vie !

 

Merci pour vos réponses, Benoît Frappat !

 

Retrouvez toute l’actualité de Jungle sur leur site, Facebook, Twitter et Instagram !

~~