À la rencontre de #3 – Colette Sodoyez, comédienne et lectrice pour Audiolib

Demain, Audiolib vous offrira un livre de son catalogue, lu par Colette Sodoyez. À cette occasion, la comédienne s’est prêtée au jeu de nos questions.

VendrediLecture – Bonjour Colette Sodoyez. Comment êtes-vous passée des planches et des plateaux à la lecture de livres audio ?

Colette Sodoyez – ​Ma formation de comédienne au conservatoire Royal de Bruxelles m’a permis d’explorer plusieurs facettes de notre métier. J’ai donc assez vite intégré les studios de doublage en plus de mon activité théâtrale. C’est en doublant de nombreux films et séries que j’ai appris le travail de la voix et de l’interprétation derrière un micro. La lecture à vue est essentielle pour ce genre d’exercice et cela m’a ouvert la porte des audiolivres quelques années plus tard.

 

Quelle préparation faut-il pour incarner tous les mots et tous les personnages d’un auteur ? Cela ressemble-t-il au travail que vous faites pour prendre un rôle ?

​L’audiolivre est un travail particulier. Il n’y a pas de répétitions ni de metteur en scène comme pour le théâtre. On doit pouvoir raconter une histoire et se glisser dans la peau, l’énergie, la manière de parler de chaque personnage du livre. Je lis le livre avant d’intégrer le studio et je m’imprègne de l’univers de l’auteur. J’essaye de respecter au plus près son histoire et sa façon de la raconter. Je dois pouvoir transmettre l’humour, le tragique ou le suspens pour procurer à l’auditeur les mêmes émotions qu’il pourrait avoir en lisant lui-même le livre. Si c’est la suite d’un livre que j’ai déjà lu en audio-livre, alors je réécoute ce que j’ai enregistré quelques mois auparavant afin de me rappeler les intonations des différents personnages afin que l’auditeur puisse retrouver ce qu’il a entendu précédemment. C’est le cas pour les livres de Lisa Gardner où ce sont les mêmes enquêteurs d’un tome à l’autre.

 

Quel livre rêvez-vous d’enregistrer ?

​Je suis une grande fan de Ken Follet. Je lis ses livres en anglais ou en français et je pense les avoir presque tous lus. Un de ses livres que j’ai particulièrement apprécié est “le réseau Corneille”. Une histoire sur la résistance en 1944 peu avant le débarquement. Ce sont des femmes qui vont essayer de démanteler le réseau de communication allemand. J’ai lu ce livre il y a plusieurs années, mais il m’a vraiment marqué. Peut-être aurais-je voulu être aussi courageuse que ces femmes résistantes qui ont fait beaucoup pour notre liberté d’aujourd’hui. ;o) C’est un livre que j’adorerais lire en studio pour le partager avec les auditeurs.

 

Chaque début de semaine, nous posons #LaPetiteQuestionDuLundi à nos participants. La plus fameuse d’entre elles est la suivante : Avec quel personnage de la littérature voudriez-vous être coincée dans un ascenseur ? Et pourquoi ?

​La question est difficile…. Il y a un personnage que j’ai adoré et avec qui je voudrais discuter, mais il n’entre pas tout à fait dans votre catégorie dans le sens où ce personnage existe puisqu’il est l’auteur du livre. C’est Franck McCourt. Comme je lis beaucoup en anglais, j’ai découvert cet auteur il y a quelques années et il est passionnant. Il raconte son histoire en 3 tomes “Angela’s ashes” ” ’tis” et “teacher man”. Americano-irlandais, il est élevé dans la pauvreté en Irlande. Son parcours est touchant, difficile et plein d’espoir. Il a une volonté incroyable et son parcours tumultueux l’amènera à être enseignant. Je pense que j’aurais voulu l’avoir comme professeur. J’ai envie de l’écouter en vrai. Il est plein d’humanité et il transmet de la joie de vivre, du courage. Il nous éclaire sur le fait que rien n’est jamais acquis dans le mauvais comme dans le bon. Il raconte extrêmement bien sa vie et j’ai envie de m’assoir dans un ascenseur durant plusieurs heures pour l’écouter. Enfin… je préfèrerais peut-être un bar plutôt qu’un ascenseur ;o)

 

Nous invitons chaque semaine les internautes à partager leur #MardiConseil. Quel est le meilleur conseil de lecture que vous avez reçu et/ou donné ?

Quand j’étais au conservatoire, un de mes professeur, Michel Guillou, nous obligeait une fois par semaine à lire à haute voix, devant la classe, une page d’un livre choisie sur le moment même. Il nous a éclairés sur le fait d’avoir une vue d’ensemble sur le texte qu’on lit. Il faut presque qu’un œil lise pendant que l’autre continue la phrase plus loin pour repérer la ponctuation. Si on lit en restant accrocher à chaque syllabe, on ne comprendra sans doute pas le sens de la phrase. Il faut faire confiance à la manière dont notre cerveau travaille et à notre vision périphérique. Il faut les laisser agir sans se demander comment ça fonctionne. En doublage, si je devais analyser ma lecture, je dirais que mes yeux passent de l’image à la bande rythmo et inversement. Quand la phrase est pratiquement à l’endroit où je dois la lire, je remonte à l’image avec mes yeux et c’est mon cerveau qui prend le relais, car il a photographié ce que j’allais devoir dire à voix haute. Comme ça, je peux me concentrer sur la bouche de l’actrice à l’écran pour être le plus synchro possible. Je conseillerais à tout le monde de prendre chaque jour, un petit article, une recette de cuisine, un horoscope et de le lire à voix haute. Il est intéressant de le faire à quelqu’un à côté de vous pour que vous sachiez si la personne a bien compris le sens du texte et peut vous le résumer. Et si vous même vous avez compris ce que vous lisez ;o)

 

Pour finir, quelques mots sur votre actualité de comédienne ? Nous savons que la pandémie met à mal les mondes du spectacle et du cinéma. Avez-vous des projets en attente ou à l’arrêt ?

​La pandémie est catastrophique pour le secteur culturel et je ne vois pas bien comment nous allons nous relever de tout ça… Pour ma part, j’arrive à m’en sortir grâce aux studios d’enregistrements qui peuvent continuer. Bien sûr, nous ne sommes qu’un à la fois en studio et l’ambiance est moins festive, mais au moins, nous avons du travail et c’est vraiment précieux. Je commence tout doucement à répéter un spectacle, une pièce de Molière, que nous espérons pouvoir jouer en juin-juillet en extérieur. J’ai aussi profité de ces mois plus calmes pour écrire mon premier court-métrage. C’est une véritable découverte pour moi et avec l’aide de mes producteurs, nous tournerons en automne prochain. J’ai décidé de changer de casquette pour ce projet et de ranger mon costume d’interprète pour enfiler celui de réalisatrice. Grande première aussi. Croisons-les doigts pour la suite ;o)

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